CYCLONE ET GRENADE

Françoise
2 avr.
3 min de lecture

Comme annoncé, nous sommes allés faire un tour au Sud, en adoptant la technique du mouillage de confort : on s’arrête dormir en route, aux 2 Pitons à Sainte Lucie ou à Bequia, une des Grenadines de Saint Vincent, en mettant le pavillon jaune qui signifie que l’on ne descend pas à terre.

Nous avons retrouvé Aristide et Christian (pas celui des Saintes) à Carriacou qui a été dévastée par le cyclone Beryl en juillet dernier et qui en porte de lourds stigmates. Les vents ont atteint 300 km/h et les récits font froid dans le dos : un bus qui fait des roulés-boulés, des familles qui finissent à 12 dans la salle de bain car le carrelage consolide les seuls murs qui résisteront, des catamarans qui s’envolent et se retournent comme une crêpe…et à l’heure du bilan, c’est un immense sinistre. 8 mois après le cyclone, la phase de tri est globalement faite (des tas de tôle, des tas de bois, des tas de bateaux) et la phase de reconstruction est entamée : l’île est un immense chantier et les toitures, qui servent à alimenter les réserves d’eau, sont une priorité. Par chance, les deux couples d’amis que nous avons rencontrés ont des maisons qui ont résisté, mais Evelyne et Pichto ont perdu leur bateau et Sam et Manu avaient deux bateaux qui ont participé au grand mikado dans la zone du carénage qui était donnée comme un bon abri. A Carriacou, y’a du pain sur la planche et on espère y revenir.

De là, une petite navigation nous a emmené jusqu’à La Grenade, « l’île aux épices » .Une étape à St George, à la marina du yacht club, nous a permis de visiter la capitale et de faire des tours en voiture pour voir le Nord et l’Est. Notre bilan est plutôt mitigé car la ville pourrait être jolie mais l’ambiance est tendue, les jeunes adultes masculins trainent comme des âmes en peine, la présence policière est forte et la différence de richesse crée un malaise. Sur la côte Est, Grenville, 2eme ville du pays, a un parfum d’Afrique et tout y est plus détendu, le mont Qua Qua offre une belle balade en forêt et nous avons trouvé un site thermo-massage très insolite à River Sallée Boiling Springs. Au sud, des baies profondes offrent de bons mouillages mais elles sont farcies de « resorts » et de résidences surveillées qui tonnent le ton ! A Prickly bay, nous avons juste eu le plaisir de faire 3 emplettes chez « Le boucher », un français qui vend de bons produits (viande, fromage, pâté) qui changent de l’indigence des supermarchés anglo-saxons. Grenada est très densément peuplement et les choix politiques et touristiques n’ont pas l’air de fournir à chacun de quoi être heureux. Sauf si on repasse devant, nous n’y reviendrons pas.

Coin des points communs et questions de goût : Depuis notre arrivée aux Antilles, on note des similitudes : on craque sur les grand-mères coquettes et en chapeau ; on apprécie le chic des uniformes à jupes plissées et cravates nouées ; on aime moins le vert, jaune, orange favoris des marchands de couleur ; on déteste les balustrades qui se sont imposées comme signe extérieur de richesse sur les façades et on déplore que personne n’ait investi dans une compacteuse à épaves de voitures qui permettrait de débarrasser le bord des routes de tous ces tas de ferrailles.

Coin du BMS : En remontant, nous avons navigué sous un bulletin météorologique spécial qui fait état d’un avis de « grand frais » avec des vents entre 50 et 60 km/h et une mer grosse. En prenant des ris et sous trinquette, Emilio est passé fièrement dans le canal de Ste Lucie. Après la pluie, le beau temps… Nous avons aussi affronté notre premier CCC (coup de calgon conjugal) après une manœuvre hasardeuse de sortie de mouillage : « si c’est ça, on n’a qu’à vendre le bateau », « hors de question, tu n’as qu’à débarquer ». Après la pluie, le beau temps …